EuroFabrique

Bilan des journées EuroFabrique – communiqué du 11 février 2022

Un projet de la RMN – Grand Palais, l’ANdEA Association nationale des écoles supérieures d’art et l’Ecole des Arts Décoratifs - 7 au 10 février 2022 au Grand Palais Éphémère

1/1
EuroFabrique @ Jaïr Lanes, pour la Rmn – GP, 2022

EuroFabrique commence aujourd’hui …

« EuroFabrique vient de se terminer, mais en vérité cela vient tout juste de commencer.

En effet, pour celles et ceux qui ont passé 4 jours dans ce grand atelier collectif des écoles d’art européennes, l’intensité de la manifestation semble avoir eu l’effet d’un big bang lançant l’expansion d’un univers.
Arrivée le lundi 7 février matin dans un lieu délicatement dessiné, organisé par les étudiantes et étudiants de l’École des Arts Décoratifs, chacune et chacun a d’abord trouvé son « lieu » – qui le fleuve, qui la gare, l’assemblée, le refuge… Déballage des outils, des matériaux, du mobilier, des appareils… Ai Weiwei visite les lieux : « Ai Weiwei ?! » s’étonnent, ravis, les étudiantes et étudiants. Lancement des constructions, en tout genre, durant l’après-midi. Puis, le soir, concert de Mass Bass, artiste du programme PAUSE et de l’atelier des artistes en exil : célébration de cette première journée, mouvement porté par la joie de se découvrir toutes et tous ensemble sous la tour Eiffel, alors que s’intensifie la rumba congolaise.
Le mardi, la journée commence tôt et sera studieuse – le Grand Palais Éphémère ressemble dorénavant à une école supérieure d’art et design qui tourne à plein régime. S’y déploie la multiplicité des pratiques contemporaines, et, où que l’on se déplace, partout des personnes sont concentrées sur leurs datasculptures, leurs scripts de performance, leur tournage de film, leurs écrans de sérigraphies, leurs tissages, leurs lectures, leurs corps en mouvement au rythme d’un trombone et d’un tambour…
Les repas scandent la journée – offerts par le CROUS, ils font exister un restaurant, puis un café, puis un grand espace de rencontre où l’on entend toutes les langues de l’Europe (mais aussi des façons de parler anglais avec autant d’accents qu’il y a de pays présents !)
Mercredi, EuroFabrique commence à changer d’allure. Il s’agit toujours d’une école, les ateliers continuent d’y fonctionner non-stop, mais les établis sont progressivement démontés, les outils bruyants sont rangés dans leurs boîtes. Et alors que les lieux sont visités par 16 personnalités de l’art, de la pensée et de la politique, les étudiantes et étudiants pointent chacun à leur tour ce qui est en jeu dans les formes qu’ils et elles proposent. Ici une collection de pancartes donne la température des colères européennes, là un jeu vidéo imagine une nouvelle forêt primaire pour le continent, ici on redessine « les signes diacritiques » pour que nos typographies soient plus justes, là on accumule des données sensibles sur l’Europe tout en épluchant des pommes de terre…
En fin de journée, la conférence de presse des ministres Roselyne Bachelot-Narquin et Clément Beaune redit pourquoi EuroFabrique est une réussite : de la place a été faite pour que 400 étudiantes et étudiants rassemblés à Paris indiquent les questions européennes à travailler, et l’intensité de ce qui est affirmé rend impossible de ne pas entendre ! On comprend qu’il n’y a pas d’art plus urgent que de vivre, et de vivre ensemble, dans le respect et la tolérance. Qu’Il n’y a pas de design plus nécessaire que celui d’un monde commun, composé non seulement entre les humains mais aussi entre les humains et les non-humains. Que l’Europe, qui est le berceau de l’humanisme, des droits de l’homme et de l’Etat-Providence, est la source de ces vérités premières, à la hauteur desquelles nous avons cessé de nous tenir mais qui ne cessent pas d’être pour autant. Que notre longue histoire est le socle à partir duquel nous pouvons faire face aux défis de demain. Que la vieille Europe est riche aujourd’hui de la jeunesse du monde.
Jeudi matin, les yeux sont un peu cernés mais l’on devine les sourires sous les masques chirurgicaux. Tout le monde se connaît maintenant – cet être aux bras prolongés par des appendices en papier craft est notre amical voisin, les lecteurs et lectrices du TNS ont des voix familières, on sait que Diego offre du café depuis sa table ou turbinent les imprimantes 3D, etc.
Et à partir de midi, le public arrive.
Alors, quelle affluence ! EuroFabrique ne propose pourtant pas une exposition mais un simple aperçu d’un work in progress où tout ce qui concerne notre continent est mis sens dessus dessous… Mais il y a foule : foule pour écouter Rem Koolhaas dessiner ce qu’il identifie comme trajectoires pour notre contemporanéité. Foule pour suivre le débat sur le New European Bauhaus. Pour écouter les différentes versions réinventées de l’Ode à la joie… Tout le monde semble stupéfait de découvrir le bouillonnement créatif d’une jeunesse refusant les humeurs sombres de l’époque – même si elle se prépare à l’incertitude climatique, même si elle va au-devant de bouleversements et souhaite accélérer, depuis l’art et le design, les recompositions écologiques, sociales et économiques.
Cinq cents personnes, mille personnes, deux mille personnes … parcourent cette étrange fabrique en expansion qui finit pourtant par fermer ses portes à 21h… Encore quelques gestes, des dons et contre-dons entre amis nouvellement rencontrés, de la musique une dernière fois, pour danser toutes et tous ensemble…
Puis les étudiantes et étudiants, fatigués mais toujours traversés par des rires, commencent à démonter leurs installations.
Vendredi 11 février à 17h, le Grand Palais Éphémère sera à nouveau parfaitement vide et propre – comme si EuroFabrique avait été désertée. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit : en vérité, EuroFabrique est dorénavant en mouvement, partie essaimer sur d’autres territoires européen – en expansion, multipliant les branchements et les embranchements, prête à réapparaître à Athènes, Cluj, l’Aquila, Karlsruhe, Riga, Lisbonne… EuroFabrique vient de se terminer, mais ce qui s’est noué à Paris, la convergence des formes et des forces de la jeunesse et de la création européennes, ne fait que commencer. »

Chris Dercon, Stéphane Sauzedde, Emmanuel Tibloux
Le 11 février 2022

Lire le communiqué de presse en intégralité
EuroFabrique (ENG)
The EuroFabrique days – an appraisal
Revue de presse

✖ RETOUR