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Lettre ouverte de l’ANdEA aux candidates et candidats à l’élection présidentielle 2022

13 mesures indispensables pour les écoles supérieures d'art et design

 

Héritières d’une tradition séculaire, conjuguant savoir-faire historiques et contemporains, les quarante-quatre écoles supérieures d’art et de design publiques sont au cœur de l’écosystème de la création. Nées pour la plupart d’entre elles au XVIIIe siècle, elles constituent le plus ancien réseau d’établissements d’enseignements artistiques du pays. Dix sont des établissements nationaux ; trente-quatre des écoles territoriales sous statut d’EPCC. La tutelle du ministère et la délivrance de diplômes nationaux, conférant grades de licence et de master, fondent l’unité du réseau et constituent la garantie de la qualité des formations.

Alors que les écoles d’art et de design ont su relever le défi de leur intégration dans le système LMD – notamment sur le volet des troisièmes cycles et de post-diplômes professionnalisants –, que leurs concours d’entrée accueillent un nombre toujours croissant de candidats, leur situation financière, juridique, sociale se dégrade. L’État reste aveugle et sourd à ces difficultés, laissant les établissements dans un isolat. Nous attendons du ministère de la Culture qu’il assume véritablement son rôle de tutelle et sa responsabilité, tant au sein des conseils d’administration qu’au niveau de ses missions régaliennes, à la mesure des ambitions souhaitées.

Le monde économique et industriel a toujours puisé ses ressources auprès des artistes lors des grands sauts technologiques et sociétaux. L’importance croissante de l’image dans notre société rend d’autant plus prégnant le défi majeur que constitue la création comme matière première propre au renouvellement des formes. Lieux de l’émergence et premier bassin d’emploi des artistes, les écoles d’art et de design méritent un investissement de l’État tout autant que les artistes méritent de vivre de leur travail.

Nous attendons de l’État qu’il soit garant de l’égalité républicaine et de l’accessibilité de l’enseignement public. La finalisation de la réforme LMD, conformément à la loi, ne peut plus attendre, car le statu quo met en danger les diplômes et place les enseignants dans une situation indigne. Finaliser cette réforme est indispensable mais ne doit en aucun cas remettre en question la préservation du modèle non académique propre aux écoles d’art pour la recherche et le troisième cycle, seul opérant dans les milieux professionnels : des diplômes portés et pilotés par des artistes et des designers.

1. Organiser urgemment une concertation nationale État/collectivités territoriales.
2. Réaffirmer, conformément aux statuts des EPCC, la co-responsabilité de l’État s’agissant de la soutenabilité financière des établissements.
3. Augmenter les dotations de l’État et instaurer une répartition équitable en fonction du nombre d’étudiant-e-s.
4. Imposer l’exonération des frais d’inscription des étudiant-e-s boursier-e-s dans les établissements publics, avec un financement de l’Etat.
5. Réformer le statut des enseignant-e-s des écoles territoriales avec égalité de traitement par rapport aux écoles nationales.
6. Créer un diplôme national de 3e cycle par le ministère de la Culture.
7. Augmenter le financement de la recherche par des dotations pérennes structurelles.
8. Promouvoir le service public de l’enseignement supérieur Culture.
9. Augmenter les subventions de fonctionnement pour charge de service public et financer l’ingénierie de réponse aux programmes européens et appels à projets pointus.
10. Accompagner financièrement et techniquement les écoles en fonction de l’évolution des coûts, des missions et des réglementations (transition numérique, écologique, inclusion handicap, certifications, mise en place de l’apprentissage, formation continue, numérisation des données, etc.).
11. Créer un fonds destiné à financer la rénovation des écoles pour accéder à la sobriété énergétique.
12. Créer un statut social et des conditions de travail dignes pour les artistes.
13. Accompagner les diplômé-e-s des écoles publiques pendant 5 ans après le diplôme.

Concevoir autrement la production en art et en design est aujourd’hui une nécessité : repenser la relation création/matérialité dans un contexte de raréfaction des ressources, développer les innovations en arts visuels pour participer à la transition écologique, faire évoluer le rapport à la productivité et au temps pour améliorer les conditions de travail, tels sont les impératifs qui s’imposent aux établissements d’enseignement supérieur en art et en design. Si la conduite du changement est réellement au centre des préoccupations de l’État, comment concrètement répondre à ces enjeux de transformation économique, sociale, écologique ? Comment rendre nos établissements innovants, sobres, accessibles et inclusifs, s’ils sont déjà submergés et sous-financés dans leurs missions de base ?

/// Lettre ouverte dans son intégralité ///

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